Développer l'autonomie chez vos élèves un pas à la fois selon leur propre pointure!
Il y a un peu plus de dix ans, j'avais mis en place dans ma classe un système pour tenter de mesurer l'autonomie des élèves et de leurs octroyer des privilèges en lien avec chacun des niveaux d'autonomie. Cependant, je me suis rendue compte qu'en essayant de faire des niveaux qui étaient interdépendants les uns des autres, il arrivait que certains élèves stagnent à un niveau d'autonomie mais auraient pu accéder au suivant. Je m'explique. Par exemple, un élève pouvait ne pas être autonome dans la gestion de son matériel et de son environnement de travail mais avoir une autonomie supérieure aux autres en ce qui concerne la gestion de la qualité de ses travaux. Étant donné que la plupart des systèmes d’autonomie considèrent que l’organisation physique de l’espace de travail est le premier niveau d’autonomie, l’élève était donc bloqué au premier niveau et avait beaucoup de difficulté à accéder aux niveaux suivants. Cela devenait parfois très démotivant et certains n’adhéraient pas du tout à ce système. Bref, je récompensais ceux et celles qui respectaient d’emblée ma vision de l’autonomie et je n’encourageais pas nécessairement chez les autres certaines compétences à développer d’autres niveaux d’autonomie. Je me suis donc mise à chercher des informations en ce qui concerne l'autonomie dans une classe et je suis tombée sur quelques vidéos et articles qui m’ont fait me rendre compte que l'autonomie ne se mesure pas nécessairement de façon interdépendante suivant un principe linéaire (peu autonome, autonome et très autonome). En fait, il existe bel et bien plusieurs niveaux d’autonomie, mais ils sont indépendants les uns par rapport aux autres. Plus l’élève possède de niveaux, et plus il est autonome, mais il n’y a pas nécessairement un ordre à suivre. Suite à mes recherches j’ai découvert que l’autonomie en classe était divisés en six principaux niveaux.
L'autonomie physique :
Concerne tout ce qui a trait à l’organisation de l’environnement de travail, la circulation et les déplacements dans la classe et à l’extérieur. La capacité à respecter les routines d’entrées et de sorties, exécuter les transitions sans perte de temps, l’organisation du matériel, la propreté des espaces utilisés par l’élève ainsi que la capacité à démarrer les activités routinières sans rappels ni soutien de l’enseignant.
L’autonomie pratique :
Concerne la connaissance des outils mis à sa disposition, savoir où ils se trouvent, quand les utiliser et la façon de les utiliser à bon escient. Bref, savoir utiliser des stratégies de façon efficace en utilisant le matériel correspondant (ex. : matériel de numération) si nécessaire afin d’éviter des questions inutiles.
L’autonomie intellectuelle :
Consiste à penser par soi-même, à mobiliser des savoirs et démontrer des savoir-faire dans le but de résoudre des problèmes parfois complexes. Utiliser ses connaissances antérieures pour démontrer sa compétence à répondre aux exigences d’une tâche, suivre les consignes, être capable de faire des liens entre les matières, participer activement, écouter les explications dans le but de travailler au meilleur de sa capacité dans toutes les matières. Attention! "Au meilleur de ses capacités" ne veut pas dire avoir toujours de bons résultats, mais toujours faire de son mieux!
L'autonomie affective :
Consiste à oser prendre des décisions, à faire des choix et de les assumer en faisant fit du jugement des autres, à être capable de reconnaître ses erreurs et de se réajuster aux besoins.
L'autonomie sociale :
Consiste à avoir la capacité et les compétences pour vivre en groupe, faire preuve de leadership positif dans une équipe de travail, être capable de prendre sa place simplement sans prendre celle des autres et faire preuve de respect des différences en étant tolérant envers tous.
L'autonomie morale :
Consiste à comprendre qu'il y a des règles et des lois qui régissent notre société, être capable de reconnaître le bien fondé des règles de l’école, de les respecter en tout temps non pas parce que quelqu'un nous observe, mais parce qu'on comprend pourquoi cette règle a été mise en place. Bien se comporter en tout temps en comprenant que sa liberté s’arrête où commence celle de l’autre.
Suite à la définition de ces 6 niveaux d’autonomie, j'ai relevé chacun des comportements observables dans une classe et je les ai classés dans leur niveau d'autonomie respectif. Chaque niveau correspond à une couleur de chaussures. C’est pourquoi le document s’appelle « Un pas vers l’autonomie » et chaque élève à sa pointure de chaussures!
Je me suis attardée plus tard sur le privilège que pourrait obtenir un élève selon chaque niveau d'autonomie. J'ai donc créé ce matériel dans le but de relever les forces de chaque élève. Un élève peut être très autonome au niveau intellectuel mais pas au niveau pratique, donc il est possible pour chaque élève d'obtenir un ou plusieurs niveaux d'autonomie et ainsi avoir le privilège qui est directement en lien avec ses compétences. Une fois qu'il a obtenu les niveaux d'autonomie pour lesquels il a des qualités naturelles, il lui sera possible ensuite de développer les niveaux d'autonomie pour lesquels il a le plus de difficultés. C'est pourquoi j'ai utilisé des chaussures pour représenter que l’autonomie se développe un pas à la fois. De plus chacune des chaussures a sa pointure, comme chaque élève possède plus naturellement certains niveaux d’autonomie tandis que d'autres sont à développer avec plus d’efforts.
Pour gérer de façon efficace les privilèges en lien avec chaque niveau d'autonomie j'ai aussi inclus dans le matériel des badges de couleurs de chaussures que vous pouvez coller sur le devant du bureau et ainsi savoir quel élève a atteint quel niveau d'autonomie et quel privilège est en lien avec celui-ci. Vous avez aussi accès à des certificats que vous pouvez remettre à l'élève pour le féliciter et qui décrivent bien le niveau d'autonomie que vous considérez qu'il a atteint.
Mais comment cela fonctionne-t-il ?
Tout d'abord, il est important de clarifier chaque niveau d'autonomie et de s'assurer que l'élève comprend bien à quels comportements OBSERVABLES on s’attend de lui pour déterminer chaque niveau. L’élève doit aussi comprendre que ces comportements doivent être respectés de façon constante et régulière.
Le document comprend aussi une partie modifiable que vous pouvez ajuster selon vos besoins et vos exigences personnelles.
Une fois que l’élève considère qu'il est éligible à une couleur de chaussures, il peut remplir un coupon qu’il remettra ensuite à l'enseignant pour demander l'accès aux chaussures de la couleurs correspondante au niveau d’autonomie. Ensuite c’est la responsabilité du comité des couleurs constitué de l'enseignante et des élèves ayant acquis leurs chaussures rouges (autonomie affective) qui vont décider de la validité de la couleur de chaussures demandée. Si l’élève méritent d'obtenir la couleur de chaussures en lien avec son niveau d'autonomie, on lui remet le certificat le félicitant d'avoir obtenu ce niveau ainsi que le badge de couleur de chaussures correspondant pour qu'il puisse la coller devant son bureau. De cette façon, vous serez en mesure de savoir qui à quel privilège d'un seul regard. Les privilèges ont été établis en fonction du niveau d'autonomie donc, un élève qui possède le niveau d’autonomie pratique et qui est capable de se déplacer et de bien gérer son espace et son environnement de travail est parfaitement capable de choisir sa place dans une classe et peu bénéficier de l’utilisation de la classe flexible. Si les niveaux sont attribués en suivant des observations rigoureuses de comportements observables de façon constante et régulière, vous ne devriez pas avoir à gérer de l’abus de privilèges puisque l’élève est vraiment autonome pour ce niveau et il n’a donc pas besoin de rappel, ni de soutien!
Si l’élève n’est pas éligible à la couleur de chaussures demandée, vous devez insister sur les comportements observables qu’il doit encore travailler avant d’obtenir cette couleur. Vous pouvez aussi l’orienter vers une couleur de chaussures pour lequel il a le plus de prédispositions. Le but n’est pas de gonfler l’estime des élèves en espérant qu’ils arrivent à un certain niveau d’autonomie parce qu’on leur donne une chance, mais bien de développer chez eux des compétences de façon intrinsèque. C’est pourquoi j’insiste sur les comportements observables. Bref, je juge de ton niveau d’autonomie en fonction de tes actions pour lesquelles tu as du pouvoir selon les choix que tu fais et non en jugeant la personne que tu es.
Ce document vous intéresse?
Et voilà! N'hésitez pas à cliquer j'aime, à laisser vos commentaires ou à m'écrire si vous avez des questions.
Bonne année scolaire!
Karène Dubreuil
Les Annexes Pédagogiques
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